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MDCCII

Création de quatre foires par an à Thuré, en faveur de Louis bâtard du Maine, seigneur dudit lieu, de Sainte-Néomaye et de Mézière en Brenne auquel il est permis en outre de faire faire une garenne à lapins, lièvres, perdrix, dans sadite seigneurie de Thuré.

  • B AN JJ. 209, n° 74, fol. 45
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 483-486
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, Nous avoir receue l’umble supplicacion de nostre amé et feal cousin, Loys bastard du Maine1, seigneur de Masieres en Brenne, de Saincte Noumaye et de Thuré, assises en nostre païs de Poictou, contenant que ledit bien de Thuré est assis et situé en païs bon et fertil et ouquel et ès environs affluent et frequentent grant quantité de marchans en plusieurs saisons de l’année, et en y auroit encores plus s’ilz avoient lieu et temps determinez pour eulx assembler et communiquer ; et aussi est ladicte seigneurie de Thuré en ses dommaines de grant estandue, et y a lieux moult propres et convenables pour y faire garennes et repaires à connilz, lievres, perdriz et autres bestes, qui lui seroit, s’il y avoit ladicte garenne, chose moult prouffitable, et l’augmentacion de sadicte terre et seigneurie. Mais il ne l’oseroit ne vouldroit faire faire, sans avoir sur ce noz congié et licence. En Nous humblement requerant que, actendu ce que dit est, et que ledit lieu de Thuré est ung lieu moult [p. 484] propice et convenable pour l’assemblée desdiz marchans et y tenir quatre foires l’année à certains jours, il Nous plaise faire créer et establir audit lieu de Thuré quatre foires l’an (sic) par chascun an, c’est assavoir l’une et la premiere desdictes foires le jour de la feste de sainct Vincent, la seconde le jour de l’Invencion sainct Estienne, la tierce le jour de la feste sainct Bernabé, et la quarte le jour de la feste saint Thomas, xxie jour de decembre, et lui octroyer de faire faire ladicte garenne noz congie et licence, et sur ce lui impartir nostre grace et provision convenable. Pour quoy Nous, ces choses considerées, desirans le cours et marchandie (sic) estre multiplie en nostre royaume, et en faveur des grans et agreables services que Nous a par cy devant faiz nostredit cousin, et esperons que encores plus face ou temps avenir, les voulans aucunement recongnoistre, pour ces causes et autres à ce nous mouvans, avons, de nostre certaine science, grace especial, plaine puissance et auctorité royal, créé et estably, et par ces presentes creons et establissons audit lieu de Thuré, chacun an, quatre foires pour y estre tenues et excercées, c’est assavoir l’une et la première desdictes foires le jour de la feste de sainct Vincent, la seconde le jour de l’Invention sainct Estienne, la tierce le jour de la feste sainct Bernabé et la quarte le jour sainct Thomas, xxie jour de décembre, ausquelz jours l’an pourra vendre et achapter toutes manières de marchandises licites et honnestes, comme l’on fait ès autres foires de nostredit royaume ; sur lesquelles denrées et marchandises nous donnons povoir et auctorité par cesdictes presentes à nostredit cousin que il puisse et lui laise joir et user de toutes manières de coustumes, poix, aulnages, previlleges, franchises, libertez, prerogatives et preeminences, tout ainsi et par la forme et manière que ont acoustumé de joir et user les autres seigneurs dudit païs de Poictou, ayans foires et marchez en leurs terres et [p. 485] seigneuries. Et avecques ce, de nostre plus ample grace, avons à nostredit cousin donné et octroyé, donnons et octroyons congié et licence de faire faire en sadicte terre et seigneurie de Thuré garenne et repaire à connilz, lièvres et autres bestes, deffensable, garnie de clappiers et environnée de foussez et autres choses nécessaires et propres ou fait de garenne. Si donnons en mandement, par ces mesmes presentes, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers ou à leurs lieuxtenans presens et avenir, et à chacun d’eulx, si comme a lui appartiendra que se noz present congié, grace, creacion, establissement et contenu en ces presentes, tant touchant lesdictes foires que ladicte garenne ilz facent, souffrent et laissent nostre dit [cousin] et ses successeurs, seigneurs dudit lieu de Thuré joir et user plainement et paisiblement, sans que pour ceste cause ne aux marchans affluans ausdictes foires, ores ne pour le temps avenir, on leur puisse faire, mettre ou donner aucun destourbier ou empeschement au contraire, en faisant cryer et publier a son de trompe lesdictes foires, par tous les lieux où il appartiendra, en establissant audit lieu de Thuré logis, places, estaulx et autres choses neccessaires pour l’excercice desdictes foires, en tenant ou faisant tenir en seurté les marchans affluans ès dictes foires, durans lesdiz jours, ensemble leurs denrées et marchandises, tout ainsi et par la forme et manière que l’on fait et que l’on a acoustumé de faire ès autres foires dudit païs de Poictou, pourveu que durant lesdiz jours que se tiendront lesdictes foires n’ait, à quatre lieues à la ronde, foires par quoy ce present establissement soit préjudiciable à icelles foires en aucune manière. Car ainsi nous plaist il estre fait, nonobstant quelzconques ordonnances, mandemens, restrinctions ou deffenses à ce contraires. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Thouars ou mois de janvier l’an de grace mil cccc. quatre vings et ung, et de nostre règne le vingt et ungiesme.

[p. 486] Ainsi signé : Par le roy, les evesques d’Alby, de Lombez et de Chalon, maistre Pierre de Sacierges2 et autres presens. Amys. — Visa. Contentor. Texier.


1 D’après le P. Anselme (Histoire généal. de la Maison de France, t. I, p. 235), Louis d’Anjou, bâtard du Maine, seigneur de Mézières en Brenne, Sainte-Néomaye, Prée, Seneché et Vilaine la Jutrel, sénéchal et gouverneur du Maine, était le fils naturel de Charles d’Anjou, comte du Maine (sur lequel v. ci-dessus, t. XXIX, p. 146, note). Il fut légitimé à Amboise en mai 1468. Il avait épousé en 1464 Anne, fille de Louis de la Trémouille ; il mourut vers 1484. Son petit-fils, Nicolas d’Anjou-Mézières, mourut sans héritier mâle, laissant seulement une fille, qui porta les biens et les titres de sa branche à la maison ducale de Montpensier par son mariage avec François de Bourbon, duc de Montpensier. Voir sur le Bâtard du Maine ci-dessus, t. XXXVIII, p. 118, note. [L.C.]

2 Sur Louis d’Amboise, évêque d’Albi, v. ci-dessus, t. XXXVIII, p. 320, note, et dans le présent vol., p. 184, note. Sur Pierre de Sacierges, qui devint évêque de Luçon, v. ci-dessus t. XXXVIII, p. 365, note. Jean de Villiers de la Grolaye, évêque de Lombez (1473-1493), abbé de Saint-Denis, mourut cardinal en 1499. André de Poupet, évêque de Chalon, 1480-1503, mourut en 1506. [L.C.]