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MDCLXXXII

Création d’une foire annuelle, le jour de S. Pierre en juin à Dissay, en faveur de l’évêque de Poitiers, seigneur temporel du lieu.

  • B AN JJ. 209, n° 100, fol. 59
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 431-433
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de nostre ami et feal conseiller Guillaume, evesque de Poictiers1 et seigneur temporel [p. 432] de Dissay en Poictou, à cause dudit eveschié, contenant que ledit lieu de Dissay est situé et assez en bon et fertil païs assez près de bonnes villes et villages, et y passent et frequentent plusieurs marchans et autres gens alans et venans d’un païs en autre, portant marchandises et autrement ; auquel lieu de Dissay, pour le bien, prouffit, utilité et augmentacion d’icellui et païs d’environ, seroit besoing à nostredit conseiller suppliant avoir une foire l’an, c’est assavoir au jour et feste de sainct Pierre ou moys de jung pour y estre [tenue] et continuée dores en avant et à tous jours, se nostre plaisir estoit icelle foire y establir et ordonner, ainsi qu’il nous a fait dire et remonstrer, en nous humblement requerant que, attendu ce que dit est et que à quatre lieues à la ronde près dudit lieu de Dissay n’a ville ne autre lieu où il y ait foire audit jour et feste, il nous plaise sur ce lui impartir nostre grace. Pourquoy nous, les choses dessus dictes considérées, desirans l’augmentacion des églises de nostre royaume, inclinans liberallement à la requeste de notredit conseiller, suppliant, et pour certaines autres causes et consideracions à ce nous mouvans, avons créé, ordonné et estably, et par la teneur de ces présentes, de grace especial, plaisne puissance et auctorité royal, créons, ordonnons et establissons audit lieu de Dissay ladicte foire, c’est assavoir audit jour et feste de saint Pierre en jung, pour y estre tenue, continuée et entretenue dores en avant et à tousjours perpetuellement, pourveu toutes voyes que audit jour et feste n’ait aucunes foires à quatre lieues à la ronde près dudit lieu de Dissay et que ladicte foire ne soit préjudiciable à nous ne à la chose publique, ne noz droiz et devoirs n’en soient aucunement diminuez. Si donnons en mandement, par ces mesmes presentes, au seneschal de Poictou ou à son lieuxtenant et à tous noz autres justiciers, presens et avenir, et à chacun d’eux, si comme à lui appartiendra, que de noz presens grace, creacion et establissement, voulenté [p. 433] et octroy de foire ilz facent, souffrent et laissent nostre conseiller, suppliant, ses successeurs et habitans dudit lieu joyr et user plainement et paisiblement, tout ainsi que font et ont acoustumé de faire les autres villes et lieux du païs d’environ, où il y a foires, en faisant crier et publier ladicte foire audit jour, feste et lieu et y establir places, estaulx, loges et autres choses necessaires et ainsi qu’ilz verront au cas appartenir. Car ainsi nous plaict-il estre fait, nonobstant quelconques ordonnances, mandemens, restrinctions et deffenses à ce contraires. Et afin que ce soit chose ferme et estable a tousjours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes, sauf en autres choses nostre droit et l’atruy en toutes. Donné au Plesseies du Parc lez Tours, ou moys de mars l’an de grace mil cccc quatre vings, et de nostre regne le vingtiesme.

Ainsi signé : Par le roy, l’evesque d’Alby, le conte de Castres, maistre Jehan de la Vacquerie2, president, et autres presens. J. Duban. — Visa. Contentor. F. Texier.


1 Guillaume de Clugny ou de Cluny, d’origine bourguignonne, était fils de Henri, sr de Conforgien, et de Perrenette de Chalonge, dame de Ragny. D’abord official et archidiacre d’Avallon, au diocèse d’Autun, puis protonotaire du Saint-Siège, titre qui lui est encore donné dans des lettres de Louis XI du 26 mars et du 22 mai 1478 (Vaësen, Lettres de Louis XI, t. VII, p. 11 et 65), prévôt de Bethune et de Saint Léonard de Liége, abbé de Bourgueil-en-Vallée et évêque de Térouanne. Il fut, en outre, conseiller et maître des requêtes de l’hôtel du comte de Charolais et son receveur et garde des deniers de son épargne, d’après une quittance par lui donnée, le 25 juillet 1466, à Jean Fourment, receveur du domaine d’Amiens. (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 791, dossier Clugny, n° 6), trésorier général commis par le duc de Bourgogne à recevoir tous les deniers de ses aides restes de comptes et autres parties extraordinaires, d’après une autre quittance du 14 mai 1470 (Id., n° 7). Après la mort de Charles le Téméraire, Guillaume de Clugny passa au service de Louis XI qui le nomma évêque de Poitiers au commencement de l’année 1479, et le chargea, l’année suivante, de négocier la cession par Jean de Brosse, comte de Penthièvre, et Nicole, sa femme, de leurs droits à la succession de Bretagne ; il travailla encore, la même année, à obtenir du roi René l’hommage du comté de Bar. La notice que consacre à cet évêque de Poitiers la Gallia Christiana, et que nous venons de résumer, ajoute qu’il mourut vers 1400, dit-on, mais sûrement après le 14 août, car elle cite des lettres de ce personnage portant cette date (t. II, col. 1201). On verra par les lettres de création de foires à Angle, imprimées plus loin, que Guillaume était toujours vivant et évêque de Poitiers au mois de juillet 1481. Son décès survint peu après, car Pierre d’Amboise, son successeur, fut élu le 21 novembre de cette année.

2 Tous les personnages nommés ici ont été identifiés précédemment. (Cf. pp. 184 et 316.)