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MDCLXXIX

Rémission donnée en faveur de Jean Regeault, jeune clerc de Bressuire, âgé de vingt-deux ans, récemment promu diacre, coupable du meurtre d’un nommé Antoine Parroissien, valet cordonnier de ladite ville, qui, avec d’autres compagnons armés, l’avait attaqué lui et une jeune fille qu’il fréquentait.

  • B AN JJ. 207, n° 43, fol. 21
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 418-420
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion de Jehan Regeault, [p. 419] jeune filz de l’aage de XXII ans ou environ naguères proveu ès ordres de diacre, contenant que ledit suppliant depuis dix ans en ça s’est tousjours tenu et a demouré en la ville de Bressuyre pour estudyer et aprandre son service, en esperance d’estre homme d’église. Durant lesquel et puis peu de temps en ça, il s’est acointé d’une jeune fille nommée …1, avecques laquelle il s’est par plusieurs fois trouvé et frequenté en l’ostel de Phelippot de Baillon, demourant en ladicte ville de Bressuyre. Et pour ce que, le quinziesme jour de ce present mois de mars, ledit suppliant fut adverty que feu Anthoine Parroissien, varlet cordouannier, le menassoit de tuer, et que luy et austres compaignons de ladicte ville de Bressuyre avoient entreprins de ribler ladicte jeune femme, icellui suppliant la transporta en ung hostel de ladicte ville ouquel demeure Brachain (sic) Touay, poullailler pour illec la tenir en seureté. Et ledit jour, environ l’eure de XI heures de nuyt, ledit feu Parroissien et ses compaignons, armez et embastonnez d’espées et autres bastons invasibles, se transportèrent en l’ostel dudit Abrahan, ausquel ilz entrèrent par force et violence, faisant grant bruit et tumulte, mesmement ledit Parroissien, lequel juroit et regnioit le nom de Dieu, nostre createur, qu’il tueroit ledit suppliant ; auquel bruit ledit suppliant qui estoit en sa chambre ouvrit l’uys d’icelle qui estoit pour veoir quelz gens s’estoient. Et si tost qu’il l’eust ouverte, apperceut ledit Parroissien qui montoit jà en l’eschelle ou degré de la chambre dudit suppliant, aiant une espée nue en sa main et une pierre en l’autre, pour vouloir batre et oultrager ledit suppliant. Et lors ledit suppliant, pour éviter sa fureur, se voult retirer en sadicte chambre. Et ce voyant, ledit feu Parroissien tout esmeu lui deist : « Ha ! ribault, traistre, c’est toy que je quiers, » et en disant ces parolles, [p. 420] gecta contre ledit suppliant ladicte pierre qu’il tenoit, cuidant l’en frapper par la teste ; pour ce que ledit suppliant gauchist au coup, il l’actaingnit seullement par le cousté, duquel coup il le blessa très griefvement. Et adonc ledit suppliant, considérant l’oultrage à lui fait et les menasses dudit Parroissien, et qu’il s’efforçoit monter en sa dicte chambre pour obvier à sa fureur, print ladicte pierre dont il l’avoit frappé ou autre qu’il trouva près de lui et en repulsant l’oultrage à lui fait, la gecta à l’encontre dudit feu Parroissien, de laquelle par cas d’avanture, il l’actaingnit par la teste, a cause duquel coup il tomba à terre, tellement qu’il la convint emporter chex le barbier, et comme on l’abilloit, dist que ledit suppliant avoit fait que saige de l’avoir frappé de ladicte pierre, et que s’il ne l’eust frappé, il l’eust tué. Et depuis en perceverant en son mauvais vouloir, estant au lit malade, retira et dit par plusieur foiz lesdictes parolles et, s’il pouvoit guerir, que jamais ledit suppliant ne mourroit que par ses mains. A l’occasion duquel coup, par faulte de bon gouvernement ou autrement, ledit feu Parroissien, trois jours après, est allé de vie à trespas. Pour l’occasion duquel cas, ledit suppliant, doubtant rigueur, etc. Pourquoy nous, etc., voulans, etc., audit suppliant avons quicté, remis et pardonné le fait et cas dessus dits avecques toute peine, etc., en mettant au neant, etc. ; et l’avons restitué, etc., satisfacion, etc. Et sur ce imposons, etc. Si donnons en mandement, etc., au senechal de Poictou ou à son lieuxtenant à Touars, et à tous, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Tours, au mois de mars, l’an de grace mil cccc. quatre vings, et de nostre regne le vingtiesme.

Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du Conseil. De Moulins. — Visa. Contentor. Texier.


1 Blanc de cinq ou six mots sur le registre.