MDCLXIII
Lettres portant confirmation de François, seigneur de La Rochefoucauld, dans la possession des château, châtellenie, terre et seigneurie de Montendre qui lui venaient de sa mère, Marguerite de La Roche, fille et seule héritière de feu Jean de La Roche, sénéchal de Poitou, auquel Charles VII en avait fait don, parce qu’il avait conquis sur les Anglais « à force et puissance d’armes », ladite place forte de Montendre.
- B AN JJ. 208, n° 64, fol. 35 v°
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 359-364
Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion de nostre cher et bien amé François seigneur de la Rochefoucault, filz et heritier de feu Jehan, en son vivant seigneur de La Rochefoucault, [p. 360] chevalier, et de Marguerite de La Roche1 à présent femme du sire de Maillé2, fille et heritière seulle et pour le tout de feu Jehan de La Roche, en son vivant seneschal de Poictou, contenant que feu nostre très cher seigneur et père, que Dieu absoille, saichant et recongnoissant les grans, louaibles et recommandables services que ledit feu Jehan de La Roche lui avoit faiz et à toute la chose publicque de nostre royaume on fait de noz guerres, mesmement au païs d’Agennoys3 dont il avoit le gouvernement, et aussi ès païs de Guienne et de Xantonge que les Anglois, anciens ennemys de la couronne de France, tenoient et occuppoient, à l’encontre desquelz il resista et sur eulx fist plusieurs entreprises et conquestes, et entres autres places conquist sur eulx et à forcent par puissances d’armes le chastel et place forte de Montandre4, que longtemps [p. 361] paravant avoit esté detenu et occupé par lesdiz Anglois, et laquelle place il fortiffia et empara et en icelle mist plusieurs gens de guerre, qu’il entretint et souldoya, pour tenir et faire frontière ausdiz Anglois, et autrement en plusieurs manieres, lui donna, ceda et transporta ladicte place, chastel, chastellenie, terre et seigneurie de Montandre, pour en joir par lui, ses hoirs, successeurs et aiant cause, au moien duquel don icellui de La Roche en joyt paisiblement et jusques à aucun peu de temps avant son trespas, que, par testament ou autrement, il donna et transporta à feu Guy de La Roche5, son frère, et à ses hoirs procreez de sa char seullement icelle terre et seigneurie de Montandre, soubz condicion que, se icellui Guy, son frere, alloit de vie à trespassement sans hoirs procrez de sa char en loyal mariage, icelle terre et seigneurie retourneroit à ses enfans et heritiers. Au moien duquel don et transport [p. 362] ledit feu Guy de La Roche joist desdiz chastel, terre et seigneurie de Montandre jusques à son trespas, et pour ce qu’il ne delaissa aucuns enfants, icelle terre retourna de plain droit audit feu Jehan de La Rochefoucault et Marguerite de La Roche, fille et heritière dudit feu Jehan de La Roche, père et mère dudit suppliant. Et pour ce que après le trespas dudit feu Guy, leur fut par noz officiers fait et donné aucun empeschement en la jouissance de ladicte seigneurie de Montandre, ilz se tirèrent devers nous, et par noz autres lettres pattentes en forme de chartre6 et pour les causes contenues en icelles, leur fismes delivrance de ladicte terre et seigneurie, et en tant que besoing estoit, la leur donnasmes, cedasmes et transportasmes de rechief, de nouvel et d’abondant. Au moien et par vertu desquelles noz lettres, qui bien et deuement ont esté veriffiées par noz amez et feaulx gens de noz comptes, les père et mère dudit suppliant ont tousjours depuis joy desdiz chastel, terre et seigneurie de Montandre, et encores en joist de present ledit suppliant. Toutesfoiz, pour plus grant seureté du temps avenir, il nous a humblement supplié et requis que nostre plaisir soit lui confermer lesdiz don et octroy, et sur ce lui octroyer noz lettres et provision convenable. Pour quoy nous, les choses dessus dictes considerées, qui sommes bien records et memoratifz desdiz don, transport et confirmacion ainsi par nous faiz desdiz chastel, chastellenie, terre et seigneurie de Montandre ausdiz feu Jehan de La Rochefoucault et Marguerite de La Roche, père et mère dudit suppliant, iceulz avons louez, greez, confermez, ratiffiez et approuvez, louons, greons, confermons ratiffions et approuvons, et en tant que besoing est ou seroit, avons audit François de La [p. 363] Rochefoucault, comme filz et heritier desdiz Jehan de La Rochefoucauld et Marguerite de La Roche, lesdiz chastel, terre et seigneurie de Montandre, appartenances et appendances d’iceulx, en tant que besoing est ou seroit, de rechief, de nouvel et d’abondant donnez, cedez, transportez et delaissez, donnons, cedons, transportons et delaissons de grace especial, plaine puissance et auctorité royal, par ces presentes, pour les avoir, tenir et posseder par ledit François de La Rochefoucauld, sesdiz hoirs, successeurs et aians cause perpetuellement et a tousjours et en prandre, parcevoir, cuillir, lever et recevoir les fruiz, prouffiz, revenues, esmolumens et autrement en faire et disposer à son plaisir et voulenté, comme de leur propre chose et ancien heritaige, à quelque valleur et estimacion qu’elles soient ou puissent estre, sans aucune chose en reserver ne retenir à nous ne aux nostres, fors seullement les foy et hommaige lige et le ressort de juridiction et souveraineté, en faisant et paiant toutesvoyes les charges, droiz et devoirs deubz et accoustumez estre paiez sur iceulx d’ancienneté, où et ainsi qu’il appartiendra. Si donnons en mandement à noz amez et feaulx les gens de nosdiz comptes et tresoriers à Paris, aux seneschaulx de Guienne et de Xanctonge et à tous noz autres justiciers et officiers, ou à leurs lieutenans ou commis et à chacun d’eulx, si comme à lui appartiendra, que de noz present ratifficacion, confirmacion, aprobacion, don, transport et choses dessus dictes et chacune d’icelles ilz facent, seuffrent et laissent ledit François seigneur de La Rochefoucault, sesdiz hoirs, successeurs et aians cause joir et user perpetuellement, plainement et paisiblement, sans leur faire ne souffrir estre fait, ores ne pour le temps avenir, aucun empeschement au contraire, mais se fait leur estoit, le reparent et facent incontinant reparer. Car ainsi nous plaist il estre fait, nonobstant quelsconques ordonnances, restrincions, mandemens ou deffenses à ce contraires. Et afin que ce soit chose [p. 364] ferme et estable à tousjours, nous avons signées ces presentes de nostre main et à icelles fait mettre nostre seel. Sauf en autres choses nostre droit et l’aultruy en toutes. Donné au Plesseys du Parc lez Tours, ou mois d’octobre l’an de grace mil cccc. quatre vingts et de nostre règne le vingtiesme.
Ainsi signé : Loys, et sur le reply desdictes lettres : Par le roy, G. Briçonnet. — Visa. Contentor. Texier.