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MDCXXVIII

Rémission accordée à Jean Du Mas, homme d’armes de la compagnie du sr de Maigné, prisonnier à Chinon pour la part qu’il avait prise au meurtre de Geoffroy Janvret, à Chizé. Ayant été chargé de négocier le mariage de Catherine Duval, demeurant en cette ville, avec Guillaume des Couts, et ledit Janvret, compère de cette damoiselle, y étant opposé, ils avaient eu ensemble plusieurs altercations, puis dans une dernière rencontre à main armée entre les partisans de l’un et de l’autre adversaire, le second avait été mortellement frappé.

  • B AN JJ. 205, n° 38, fol. 18
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 250-259
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion des parens et amys charnelz de nostre bien amé Jehan Du Mas, homme d’armes de nostre ordonnance, soubz la charge et compaignie de nostre amé et feal conseiller et chambellan le sire de Maigné1, contenant que puis la feste de Noël derrenière passée, ledit Du Mas suppliant fut médiatur avec ung sien compaignon nommé Mery Garderaz, aussi de nostredicte ordonnance soubz la charge de nostre ami et feal conseiller et [p. 251] chambellan Jehan Chenu2, de marier et conjoindre par mariage Guillaume Decoustz, demourant à Mastaz avec damoiselle Catherine Duval. Et pour contracter ledit mariage et icelluy consommer par parolle de [futur]3, vindrent lesdiz suppliant et Garderatz, pour ceste cause au lieu de Chizé où ladite damoiselle estoit demourant. Auquel lieu, le jour des Roys ou le lendemain ensuivant, se assemblèrent icelles parties, tant d’un costé que d’autre, et après ce qu’ils eurent eu plusieurs parolles ensemble touchant ledit mariage, ledit Guillaume Descoustz fut content et promist à ladite damoiselle simplement en la main et presence dudit suppliant de non avoir jamais autre femme et espouse qu’elle, et semblablement ladite damoiselle autre mary et espoux que luy. Lesquelles promesses ainsi faictes l’un à l’autre, ladite damoiselle, pour ce qu’on la requeroit de faire promesse solempnelle audit Descoustz et consummer ledit mariage de tous points, ainsi que en tel cas est acoustumé de faire, elle dist et déclaira que, sans le vouloir et consentement de ses parens et amys, elle n’oseroit ce faire bonnement. A quoy ledit suppliant print par la main ladite damoiselle et en parlant à elle de la matière elle se consentit ; mais pour ce qu’elle vouloit que ledit mariage feust tenu secret, luy dist qu’elle vouldroit bien que ung [p. 252] nommé Geuffroy Janvret4, qui lors estoit en la chambre où ils estoient, feust hors de ladite chambre, par ce que ledit Janvret, comme elle disoit, estoit homme pour dire et publier par toute la ville ledit traicté de mariage. Et lors ledit suppliant demanda à ladite damoiselle de quoy elle le craingnoist et s’il estoit son parent, ne s’il luy tenoit en riens. Auquel elle répondit que non et que pour ceste cause ilz n’en lairoient riens à faire. Et ce fait, icelluy suppliant print de rechef ladite damoiselle par la main et appela ledit Guillaume Descoustz, lequel il print semblablement par la main pour leur faire faire et acomplir la promesse dessus dicte ; mais, ainsi qu’ilz furent prestz et appareillez de ce faire, ledit Janvret leur demanda qu’ilz vouloient faire. Auquel ledit suppliant respondit qu’il n’en avoit que faire. Et alors ledit Janvret luy dist que si avoit et qu’il estoit compère d’icelle damoiselle ; auquel ledit suppliant dist que luy et les autres qui estoient avecques luy vouloient plus de bien à ladite damoiselle que luy mesmes et que en ce qu’ilz vouloient faire n’y avoit que tout honneur. Et ledit Janvret respondit à icelluy suppliant que c’estoit ung tour de villain. Lequel suppliant luy dist qu’il avoit menty et de celle heure, icelluy suppliant print ledit Janvret au collet et le tira hors de ladite chambre jusques environ la moitié d’icelle, auquel lieu il le laissa sans le frapper. Et incontinent qu’il eut lasché ledit Janvret, icelluy Garderastz luy dist qu’il s’en alast, et de fait le mist du tout hors de ladite chambre. Et alors icelluy Janvret s’en ala devers le chasteau dudit lieu de Chizé, à heure de neuf heures [p. 253] de nuyt ou environ. Et après ce que icelluy suppliant s’en sortit hors de ladite maison, à cause de reffuz que ladite damoiselle faisoit de faire et acomplir ledit mariage et en s’en sortant, vit ledit Janvret, et ainsi que icelluy suppliant s’en aloit hors d’icelle maison, fut rappellé par ladite damoiselle ou autre de par elle et retourna en ladite maison et, luy retourné, dist à ladite damoiselle qu’elle se moquoit d’eulx et qu’il ne se mesleroit plus dudit mariage. Mais toutesfoys ledit Garderatz entreprint et fist tant envers ladite damoiselle et des Coustz qu’il fist faire et acomplir les promisses dessus dictes. Et après ce, lesdiz suppliant, Garderatz et autres leurs compaignons firent bonne chère ensemble et s’en allèrent coucher en l’ostellerie où ils estoient logez et eulx estans couchez en leur dit logeys, une heure après ce fait ou environ, vindrent à la porte d’icelluy logeys ledit Geuffroy Janvret, Françoys Chavereau5, Jehan Gangnart6 et plusieurs autres leurs aliez et complices, desquelz ledit suppliant ne scet les noms, tous embastonnez d’arbalestes, javelines et autres bastons invasibles. Et quant ilz furent près de la porte d’icelluy logeys, ils demandèrent : ceulx qui les avoient voulu oultrager et où ilz estoient, en disant semblables motz : « Sortez, sortez dehors. » Et ces parolles oyes par ung nommé Loys Dieu, icelluy Loys vint à une funestre dudit logeys et vit deux des dessusdiz embastonnez, dont l’un avoit une arbaleste bandée et l’autre une espée toute nue en sa main, ausquelz il demanda s’il estoit heure d’aller ainsi de nuyt, faisant tel bruyt, et s’ilz estoient en pays de conqueste. Et [p. 254] oultre icelluy Loys dist à l’ostesse dudit logeys qu’elle ouvrist l’uys aux dessusdiz embastonnez et qu’elle leur donnast à boire. Auquel ilz respondirent qu’ilz avoient aussi bien ung pot de vin comme luy et sesdiz compaignons. Et en perceverant de mal en pis par les dessusdiz embastonnez, ung quidem, soy disant nostre sergent et officier dudit lieu de Chizé, qui estoit avec eulx à ladite heure indeue, bailla en garde les chevaulx appartenans ausdiz supplians à leur hostesse. Et le lendemain en suivant lesdiz suppliant et Garderatz demandèrent à leur dicte hostesse leur diz chevaulx pour eulx en aller, ausquelz elle respondit qu’ilz estoient arrestez de par le seigneur dudit lieu de Chizé7 et que, sans avoir congié d’icelluy, elle ne les oseroit delivrer. Pour lequel reffuz ils se transportèrent par devers le bailly dudit lieu, lequel, après la requeste par eulx à luy faicte, leur delivra leurs diz chevaulx, moiennant et parmy ce que leur dit hoste seroit et demoureroit pleige pour certaine amende qu’on leur demandoit à cause des choses dessusdictes. Et en oultre requisdrent audit bailly qu’il fist faire informacion sur les oultraiges et excès qui leur avoient esté faiz par les dessusdiz embastonnez. Et ce fait, parfirent lesdites fiançailles, pour lesquelles ils estoient illec assemblez, et puis s’en alèrent chacun en ses negoces et affaires. Et quinze jours après ou environ, icelluy suppliant manda audit bailly par lettres missives, qu’il eust à soy deporter de certain adjournement fait à la personne de son hoste, comme pleige et caucion de ladite amende par provision et jusques au lendemain, qui estoit le jeudi ensuivant, de ladicte rescripcion, [p. 255] et aussi qu’il voulsist faire faire ladite informacion des excès dessusdiz, dont autresfoiz luy avoit fait requeste et que audit jour de jeudi se rendroit audit lieu de Chizé et feroit toute raison : ce qu’il fist et amena avec luy lesdiz damoiselle et Garderatz et autres leurs parens et amys. Auquel lieu ilz arrivèrent environ l’eure de quatre heures après mydy et eulx arrivez, envoyèrent querir leurs voisins et amys, lesquelz ilz avaient convoyez passé a quatre jours, pour les acompaigner et soupper avec eulx. Après lequel soupper, ilz se prindrent à dancer, et dist icelluy suppliant à ses serviteurs qu’ilz allassent penser les chevaulx et qu’ilz n’arretassent guères. Lesquelz en alant penser lesdiz chevaulz, rencontrèrent lesdiz Janvret, Chauvreau et autres dont il ne scet les noms, ausquelz ung nommé Jehannin, serviteur dudit Garderatz, demanda qu’ilz faisoient là, et ilz luy respondirent qu’ilz n’en avoient que faire. Et alors ledit Jehan (sic) leur dist qu’il croyoit qu’ilz estoient ceulx qui vouloient courir sus à leurs maistres et lesdiz Janvret, Chauvreau et autres estans en leur compagnie disdrent que oyl, et qu’ilz en vouloient dire ; et en disant ce ledit Chauvreau se reculla cuidant bander une arbaleste qu’il tenoit ; et adonc le serviteur d’icelluy suppliant se avança sur icelluy Chauvreau et luy osta ladicte arbaleste et une espée qu’il avoist et aux autres leurs baston qu’ilz avoient. Et ce fait, ung nommé Jacques Duval, qui estoit avec lesdiz serviteurs, apporta lesdiz arbaleste et bastons en la chambre de ladite Katherine, en laquelle estoient icelluy suppliant, Garderatz et plusieurs autres qui dançoient, ausquelz ilz dient que leur diz serviteurs les avoient ostez ausdiz Gouffroy Janvret et autres estans en leur compaignie et que iceulx et Janvret et serviteurs estoient encores en la rue, où ilz avoient debat et question l’un contre l’autre. Et incontinant après icelluy suppliant, Garderatz, Pierre Mathieu, Guillaume et Jehan Des Coutsz frères, et plusieurs autres, dont les aucuns desquelz estoient [p. 256] leurs serviteurs, saillirent hors de ladite maison où ilz estoient et alèrent où ce faisoit ledit debat, et y alant icelluy suppliant rencontra ung nommé Anthoine de France auquel il demanda quelle noise il venoit là faire. Lequel respondit qu’il n’en venoit point faire Et aussi semblablement ledit suppliant luy dist que non faisoit-il. Et alors icelluy suppliant, voyant sondit serviteur et ledit Janvret qui estoient prestz à eulx entrepoigner, pour eulx oultrager l’un l’autre, vint audit Janvret et luy bailla de la hance de sa javeline sur l’estomac, tellement qu’il tomba la main à terre, en luy demandant pourquoy il leur venoit faire ces noises et que, au regard d’eulx, ilz n’estoient allez en ladite ville de Chizé que pour faire bonne chère. Auquel ledit Janvret respondit que non estoit il pas. Et après ce, icelluy suppliant s’en retourna, emmena tous ses gens, fors ledit Gaderatz (sic) qui demoura ung petit derrière, lequel pria Anthoine de France qu’il alast boire avec eulx. Et ladite noise apaisée, ung quart d’eure après, icelluy suppliant dist de rechef aus diz serviteurs, qu’ilz allassent penser leursdiz chevaulx, lesquelz en y alant, oyrent et virent ledit Gangnart qui avoit ung espiot, et commença à dire à sesdiz compaignons : « Veez en la ung à cestuy cy. » Lesquelz tous ensemble se tirèrent en l’estable où estoient leurs diz chevaulx ; et ledit Gangnart et autres sesdiz compaignons coururent après eulx, aians bastons invasibles et les poursuyvirent jusques bien avant en ladicte estable. Et en ce faisant l’un desdiz serviteurs trouva ung baston non ferré, duquel il se deffendoit et garda la porte de ladite estable contre les dessus diz tellement qu’ilz obviérent à la mauvaise entreprinse desdiz Gangnart et autres ses compaignons. Pendant lequel debat l’un d’iceulx serviteurs trouva moyen de soy enfuyr et evader par devers ledit suppliant, auquel il dist et rapporta que l’on tuoit sondit serviteur et emmenoit on leurs diz chevaulx. Pour laquelle cause, icelluy suppliant et autres, ses [p. 257] compaignons sortirent hors de ladicte maison, pour aller veoir quel debat c’estoit, et y alant, rencontrèrent deux ou trois hommes non embastonnez, auxquelz il demanda quel bruit c’estoit dont il avoit oy parler. Lesquelz luy respondirent que ce n’estoient pas eulx et qu’ilz ne luy demandoient riens ; et il leur dist que non faisoit il pas à eulx et passa oultre avec sesdiz complices et compaignons. Et quant ilz furent au coing de la rue où ilz estoient, demandèrent à cinq ou six hommes qu’ilz trouvèrent illec, desquelz ledit Du Mas ne scet leurs noms, qui estoient ceulx qui les aloient ainsi oultrager ; de laquelle leur responce n’est recors ; mais fist semblant de les frapper, en leur disant qu’ilz se retirassent en leurs maisons, et passa oultre icelluy suppliant avec sesdiz compaignons. Et quant ils furent plus avant, ils trouvèrent ung autre quidem, dont semblablement ne savoit le nom, lequel donna d’un pal sur la main dudit Gaderatz son compaignon, lequel Gaderatz en soy deffendant rompit son espée, et ainsi qu’ilz se batoient l’un l’autre, ledit Du Mas passa oultre, et ne scet et n’est recors, pour occasion de ladicte noise dont il estoit troublé, si en passant il donna du retour de sadicte javeline ung coup audit Janvret, ou non ; mais scet bien qu’il ne luy presenta point le fer de ladicte javeline. Et oyt bien dire ledit Du Mas que ung nommé Rochier, son serviteur, ainsi que ledit Janvret luy vouloit courir sus, luy donna ung cop ou plusieurs, ne scet lequel ne qui bailla le coup audit Janvret dont il est alé de vie à trespas. Et après ce Garderatz s’en vint criant envers ledit suppliant, parce que ledit Gangnart l’avoit frappé d’un espieu et duquel il estoit très fort poursuyvy, en luy disant : « Mon cousin, à cestuy cy ! » Et ce voyant, ledit suppliant tourna sur icelluy Gangnart et d’une javeline qu’il tenoit en ses mains, luy bailla ung coup ou deux en la cuisse gauche et s’en passa oultre après d’autres qui s’en fuyoient devant luy ; et en s’enfuyant, rencontra [p. 258] la femme dudit Janvret qui s’en venoit, criant à haulte voix : « Aux meurtriers ! » A laquelle il bailla de la hance de sa javeline ung coup seulement, en luy disant qu’il l’envoyroit bien crier ailleurs. Et incontinant après, en s’en revenant en sondit logeys, il rencontra aussi ledit Gangnart, qu’il s’en aloit tout blessé, auquel il dist qu’en (sic) s’en allast penser et qu’il en avoit assez et qu’il ne leur feroit aucun faire mal pour ce jour, et ce fait, ala en sondit logeys et luy arrivé en icelluy, commanda à sesdiz serviteurs qu’ilz vuidassent hastivement leurs chevaulx, pour eulx en aller ; et ainsi qu’on habillait iceulx chevaulx, icelluy suppliant parla longtemps à aucuns de ladicte ville de Chizé, qui estoient aux fenestres de leurs maisons, en leur disant qu’ilz ne firent longtemps avoit si grant folie que d’avoir entreprins sur eulx et qu’ilz estoient à nous et de nostre ordonnance et que pour les extorcions dessusdictes ilz se plaindroient d’eulx à nostre prevost des mareschaulx. Auquel suppliant ilz respondirent qu’il se allast chier et qu’ilz ne craignoient en riens nostre dit prevost. Et en disant ces parolles, aucuns dudit Chizé disdrent aux autres dudit lieu telles parolles ou semblables : « Ralions nous ! Fault-il que les gens de M. de Calabre8 soient ainsi oultragez ? Tuons ces ribaulx meurtriers ! » A quoy icelluy suppliant et sesdiz compaignons respondirent aux dessus diz qu’ilz estoient à nous et qu’ilz avoient meilleur maistre que eulx. Et tantost après que les chevaulx desdiz supplians et ses compaignons furent amenez pour eulx en aller, et ainsi qu’ilz vouloient partir, lesdiz de Chizé les virent monter à cheval et tous embastonnez leur vindrent courir sus en leur disans de grans menasses, tellement qu’ilz laissèrent illec ladicte demoiselle et pour icelle renvoyer querir, revindrent passer la rivière ou lieu de Saint-Servain et entrèrent par [p. 259] ung autre costé que celuy par où ilz s’en estoient alez dudit lieu de Chizé ; et arrivez audit lieu, montèrent ladicte damoiselle à cheval et l’en emmenèrent au lieu de Mastas. Au moien desquelz coups, bateures et mutilacions ledit Geuffroy Janvret, par faulte de bon gouvernement ou autrement, ala incontinant de vie à trespas. Pour occasion duquel cas est à present ledit Du Mas detenu prisonnier en noz prisons de Chinon, ès mains de nostre dit prevost des mareschaulx, où il est en grand pouvreté et misère et en danger d’y finir miserablement ses jours, se noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, ainsi que ledit suppliant nous a fait dire et remonstrer, en nous humblement requerant que, attendu ce que dessus est dit et qu’il ne scet qui c’est qui a frappé le coup, pour lequel est alé de vie à trespas ledit deffunct Janvret, et que en ses autres faiz il a esté tousjours de bonne vie, renommée et honneste conversacion, sans jamais avoir esté actaint ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il nous plaise sur ce luy impartir nosdictes grace et misericorde. Pour quoy, etc. Si donnons en mandement à nostre dit prevost des mareschaulx et à tous noz autres justiciers, etc. Donné aux Forges lez Chinon, ou moys de mars, l’an de grace mil cccc. soixante dix huit et de nostre règne le xviiie.

Ainsi signé : Par le roy, le conte de Marle9, mareschal de France, le sire de Maigné et autres presens. Le Mareschal. — Visa. Contentor. De Moulins.


1 Antoine de Chourses, chevalier, second fils de Guy, seigneur de Malicorne et d’Andrée de Varèze, sa seconde femme, avait hérité de sa mère les terres et seigneuries de Magné près Niort et d’Échiré. Il avait été l’un des plus intimes et les plus en vue parmi les familiers de Charles, duc de Guyenne, frère de Louis XI. Commynes le nomme le second des seigneurs qui accompagnaient ce prince, le 8 septembre 1469, lors de son entrevue avec le roi, près de Coulonges-les-Royaux. C’est au château de Magné, chez Antoine de Chourses, qu’à la suite de cette conférence, Louis XI régla les limites de l’apanage qu’il donnerait à son frère en Guyenne. Après la mort de son maître, le sire de Magné sut aussi gagner la confiance et la faveur du roi, qui faisait grand cas de ses talents militaires, lui fit épouser sa nièce, Catherine de Coëtivy, fille d’Olivier, seigneur de Taillebourg, et de Marie de Valois, fille naturelle de Charles VII et d’Agnès Sorel, et lui fit de nombreux dons de terres, entre autres des seigneuries d’Antraigues, Donzenac et Roussi, confisquées sur le duc de Nemours, et du droit de châtellenie dans sa terre de Magné. Antoine de Chourses était capitaine de la ville et du château d’Angers quand il mourut, entre le 24 mars et le 8 avril 1484, laissant un fils unique. Antoine, et une veuve âgée de moins de trente ans. Celle-ci devint héritière de tous les biens de son mari, Antoine, leur fils étant décédé à l’âge de quatorze ans. Sous le titre : Louis XI, M. de Taillebourg et M. de Magné, Paul Marchegay a publié, en 1855, dix-sept lettres missives (onze de Louis XI, une d’Olivier de Coëtivy, une de Marie de Valois, une d’Ant. de Chourses, deux de Jean Chambon, lieutenant de Poitou, et une d’une dame inconnue) précédées d’un très intéressant commentaire. Il y est question des rapports du sr de Magné avec Louis XI et des négociations de son mariage avec Catherine de Coëtivy. (Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, 1855, p. 1 à 27. — Voy. aussi J. Vaësen, Lettres de Louis XI, t. VI, p. 257, t. VII, p. 197, 218, 235.)

2 Dans d’autres lettres de rémission du mois d’avril 1479, données en faveur d’un archer de sa compagnie d’ordonnance, nommé Jean Fleuret, dit Cherbourg, à la suite d’un meurtre commis à Vendôme, ce Jean Chenu est qualifié « escuier, du nombre des gentilzhommes de nostre hostel ». (JJ. 205, n° 9, fol. 3 v°.)

3 Le texte porte facteur. [L.C.]

4 Ce particulier appartenait peut-être à la famille Janvre, des seigneurs de la Bouchetière, paroisse de Saint-Lin en Gâtine ; la présence de François Chauvereau et de Jean Gaignart rend cette attribution plausible : On trouve aussi un Raymond Janvret qui fait hommage à Artus de Richemont de certaines maisons et bois assis à Appelvoisin, près Saint-Laieu. (Arch. nat. R1 190, fol. 11.) [L.C.]

5 Ce nom est écrit Chauvereau à la page suivante. Peut-être ce personnage appartenait-il à la famille noble établie dans la Gâtine. Un Jean Chauvereau était seigneur du lieu, tour et hébergement de Pamplie près de l’église dudit lieu. (Aveu du 1er décembre 1445, Arch. nat., R1 190, fol. 200, 245 v°, 259, 262, 275 v°.)

6 Un Charles Gaignart, ignoré des auteurs de la Gallia christiana, était abbé de Nieul-sur-l’Autise en mars et en juin 1470. (X2a 31, fol. 57 v° ; X2a 36, fol. 281 à 287, 346 v°, 366.)

7 C’était alors Charles II d’Anjou, comte du Maine, duc de Calabre, vicomte de Châtellerault, etc. (cf. ci-dessus, p. 41) Chizé avait été donné à son père Charles I, comte du Maine, avec Civray, Melle, Saint-Maixent. Sainte-Néomaye, par lettres patentes de Charles VII, datées de Montauban, février 1443 n.s. (Publ. dans notre t. VIII, Arch. hist. du Poitou, t. XXIX, p. 146 à 152.)

8 C’est-à-dire de Charles d’Anjou, comte du Maine, duc de Calabre, vicomte de Châtellerault, seigneur de Chizé.

9 Pierre de Rohan, sire de Gyé. (Cf. ci-dessus, p. 249 note.)