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MDXCVIII

Rémission accordée à Guillaume Avril, métayer de l’abbaye de la Réau, à Mathias Petit et à Jean Martin, gens de labour, impliqués dans la même affaire.

  • B AN JJ. 206, n° 992, fol. 210 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 170-171
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons, etc. Nous avoir receue l’umble supplicacion de Guillaume Avril, mestayer de l’abbaye de la Reau, de l’ordre Saint-Augustin, au diocèse de Poictiers, Matias Petit et Jehan Martin, gens de labour, contenant que le xie jour de septembre derrenier passé, le procureur et deux autres religieux de ladicte abbaye menèrent lesdiz supplians ès terres du lieu de Rechauvetau, estans des appartenances de ladicte abbaye, pour cuillir et amasser des noix en plusieurs noyers où il avait grant quantité de noix. Et quant ilz furent au lieu où estoient lesdiz noyers, ils y trouvèrent ung nommé Mathurin Desbordes et autres, lesquelz ilz saluèrent. Et leur demanda gracieusement ledit procureur qui les avoit illecques mis en l’eritaige de ladicte abbaye. Lequel Mathurin respondit que c’estoit au sien et s’en ala sans mot dire. Et se prindrent ledit suppliant et autres que ledit procureur avoit amenez à abatre et amasser les noix et les mettre ès sacs. Et ainsi qu’ilz les abatoient, ung nommé Guillaume Serault dist audit procureur et à ceulx qui estoient avecques luy que ledit Mathurin aloit querir des gens pour les oultrager. Et lors l’un des diz religieux dist : « Ces gens sont de mauvaiz afaire, ayons des bastons ; car baston acquiert paix. S’ilz nous voyent despourveuz, ilz nous oultrageront. » Et lors ledit [p. 171] Matias, l’un desdiz supplians, ala au molin de Sales, près d’illec, et apporta une arbaleste. Et ce pendent vint ledit Mathurin Desbordes atout une grant forche de fer, acompaigné de Symon et Jehan Dommeteaulx, Jaquet Dommeteau et du grant Jehan Dommeteau, Jehan Gregoire et de plusieurs autres jusques au nombre de xii, armez de forches de fer, d’espées et de grans cousteaulx et coignées, et impetueusement se print ledit Mathurin à vuider les sacs où estoient lesdictes noix. Ce voyant ledit procureur, pour obvier qu’il n’y eust noyse, dist gracieusement audit Mathurin et à ceulx qui estoient avec luy qu’ilz n’eussent point de debat et qu’il estoit content d’en croire gens de bien, et leur nomma des gens de pratique, s’ilz les en vouloient croyre, et qu’il estoit content que lesdictes noix demourassent en main tierce. Mais ainsi qu’il disoit lesdictes parolles, ung des gens dudit Mathurin et des diz Dommeteaulx d’un gros baston qu’il avoit frapa sur ledit Matias suppliant, et s’il ne se fust couvert de l’arbaleste qu’il avoit, il estoit en dangier de sa personne. Et non content de ce, ledit Mathurin print aux cheveulx ledit Guillaume Avril. Ce voyans, lesdiz deux religieux et ung nommé Jehan Petit qui estoit avecques eulx, et que ledit Mathurin et ses gens frapoient sur eulx, frapèrent sur ledit Mathurin, lequel, d’un cop que luy donna l’un desdiz religieux, cheut à terre et fut emporté et quinze jours après, par faulte de gouvernement ou autrement, il ala de vie à trespas. A l’occasion duquel cas, lesdiz supplians dobtent, etc., se nostre grace, etc., requerant, etc. Pourquoy, etc., audiz supplians avons quicté etc. …1.


1 La transcription est ainsi inachevée sur le registre. En rapprochant cet acte de celui qui précède immédiatement, on peut sans hésitation leur attribuer la même date (octobre 1477). Le registre qui les contient ne donne guère que des lettres émanant de la petite chancellerie ; c’est pourquoi elles sont datées de Paris, alors que le roi, sa cour et la grande chancellerie, au retour d’Arras, avaient regagné les bords de la Loire. L’affaire relatée dans cet acte et le précédent est plus détaillée dans la rémission octroyée, au mois de novembre de la même année, à Jean de Preuilly et à Colas du Breuil-Hélion (ci-dessous, n° MDC).