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MDCCXXVIII

Rémission donnée en faveur de Pierre Le Roux, de Saint-Cassien, messier et garennier du Bois Louet, et de Pierre de Beaussé, son compagnon, qui ayant surpris un nommé Geuffriaut en train de couper un pommier dans ledit Bois-Louet et ayant voulu lui enlever sa serpe et le mettre en état d’arrestation, l’avaient frappé parce qu’il cherchait à leur résister, au point qu’il en était mort.

  • B AN JJ. 209, n° 231, fol. 126
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 563-565
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion de Pierre Le Roux, aagé de xxv à xxx. ans ou environ, demourant au bourg de Sainct Casian, chargé de femme et d’enfans, et Pierre de Beausse, aagé de xxviii. à xxx. ans ou environ, parroissien de Sainct Jehan de Thirey, contenant que le ixe jour de ce present [mois] de decembre, ilz se partirent dudit bourg de Sainct Casian et s’en allèrent à demie lieue d’illec en ung bois appellé le Bois Louet, duquel bois ledit Le Roux estoit messier et garennier, et portèrent des poches et ung furet pour prandre des connilz. Et quant ilz furent audit bois, ilz trouverent en icellui ung nommé …1 Geuffriault, demourant à la Chaussée, qui coppoit du bois qui lui avoit esté vendu par ung marchant qui avoit acheté la couppeure et tonture dudit bois, et entre autres choses avoit couppé ou couppoit ung pommier, qui estoit chose deffendue. A laquelle cause ledit Le Roux, garennier, demanda audit Geuffriault pourquoy il avoit couppé ledit pommier et lui dist icellui Roux qu’il lui baillast sa serpe de quoy il avoit couppé ledit pommier, qu’il tenoit et de quoy couppoit ledit bois. Lequel Geuffriault lui dist qu’il n’en feroit riens ; auquel lors ledit Le Roux, garennier, en exersant son office, print ledit Geuffriault au collet, disant qu’il auroit sadicte serpe, et icellui Geuffriault dist que non [p. 564] auroit. Et en eulx debatant, ledit Geuffriault cheut à terre et ainsi qu’il se levoit, ledit de Beausse, voyant qu’il vouloit resister à ce que ledit Le Roux, garennier, ne lui ostast ladicte serpe et faisoit manière de soy deffendre et courir sus audit Le Roux, qui en ce faisant excerçoit son office de garennier, d’un petit baston qu’il tenoist d’une main (et de l’autre main il tenoit ung bissac on estoient lesdictes poches et furet) donna, en revenchant ledit Le Roux, son compaignon, ung coup seullement, duquel coup, de cas de fortune il actaignit icellui Geuffriault sur la teste. Au moien duquel ledit Geuffriault gent à terre, et peu après, aucuns ses parens et amis le prindrent et misdrent sur une jument pour l’enmener en sa maison, et en l’enmenant, par faulte de bon gouvernement ou autrement, alla icellui Geuffriault de vie a trespas. Pour occasion duquel cas, lesdiz suplians, doubtans rigueur de justice, se sont absentez dudit païs et n’y oseroient plus retourner, converser ne reppairer, se noz grace et misericorde ne leur estoient par nous sur ce imparties, si comme ilz dient, en nous humblement requerant que, attendu ce que dit est, mesmement que ledit de Beausse ne entendoit point d’occire icellui Geuffriault en lui donnant ledit coup de baton, qui n’estoit que ung petit baston, que dudit coup il l’ataignit de cas de fortune sur la teste, que, en tous autres cas, il et ledit Le Roux sont bien famez et renommez, il nous plaise nosdictes grace et misericorde leur impartir. Pour ce est il que nous, etc., ausdiz suplians et à chacun d’eulx, avons quicté, remis et pardonné le fait et cas dessus dit avecques toutes peines, etc., en mettant au neant, etc. Et les avons restituez, etc. Satisfacion, etc. Et imposons, etc. Si donnons en mandement au juge de Lodun ou à son lieutenant, et à tous, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné au Plesseys du Parc lez Tours, ou mois de decembre, l’an de grace mil cccc. quatre vings et deux, et de nostre règne le xxiie.

[p. 565] Ainsi signé : Par le roy, le conte de Clermont, l’arcevesque de Narbonne, maistre Simon Radin2, et autres presens. Courtin. — Visa. Contentor. Texier.


1 Blanc au registre.

2 Sur le titre de comte de Clermont et sur Simon Radin, conseiller au Parlement, voy. ci-dessus (MDCCXXV). — François Hallé, avocat du Roi au Parlement de Paris de 1466 à 1482, puis grand archidiacre de l’Église de Paris, fut nommé archevêque de Narbonne par Louis XI en juillet 1482. Georges d’Amboise essaya de lui disputer ce siège, qu’il n’obtint qu’à la mort de François, en 1492. (G. Picot, le Parlement sous Charles VIII, Paris, 1877, in-8°, p. 23.) Hallé entra au Conseil du roi à la suite du traité de Confians de 1465. (Aubert, le Parlement de Paris, t. I, p. 348.) La Gallia christiana (t. VI, p. 106) dit qu’il fut chancelier de l’ordre de Saint-Michel ; son nom ne figure pas, cependant, dans la liste imprimée en 1725 à la suite des Statuts de cet ordre. Louis XI le chargea de missions diplomatiques. (Lettres, éd. Vaesen, t. VIII, p. 292.) M.G. Picot (loc. cit.) l’appelle même « un des plus intimes conseillers » de ce prince. [L.C.]