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MDXCIV

Rémission accordée à Jean Forgnet, meunier de Montrevault, qui revenant de prendre livraison de grain à l’Hermenault et passant par Saint-Christophe-sur-Sèvre, avait été attaqué, ainsi que ses compagnons, par Léger Challet, conduisant une troupe armée de bâtons, et en se défendant avait frappé à mort ledit Challet.

  • B AN JJ. 206, n° 1123, fol. 243 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 160-162
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons, etc. nous avoir receu l’umble supplicacion des parens et amis charnelz de Jehan Forgnet, moulnier demourant à Montreveau, contenant que, le mardy tiers jour de ce moys ledit Forgnet, Michiel Bousseraille, Jehan Gerault, Loys Boitleau et Perrin Ressoul, en s’en retournant de l’Ermenault en Poictou, où ilz estoient alez querir du moulaige pour leurs moulins, se arrestèrent à repaistre, eulx et leurs bestes, en la parroisse de [p. 161] Saint-Christofle-sur-Seivre1, à heure de jour clouant et eulx estans arrestez au grant chemin royal, vint à eulx ung nommé Ligier Challet et avecques luy six ou sept autres embastonnez, qui les voulurent chasser d’ilec à force et ne queroient que occasion de prendre noyse et debat avecques eulx, et leur usèrent ledit Challet et ses complices de grosses parolles et rudes, disant icelluy Challet qu’il ne tenoit de roy ne de rot, et que s’il avoit tué ledit Forgnet et tous ceulx qui estoient avec luy, qu’il n’en donneroit riens et que jamaiz n’en seroit autre chose. Et ledit Forgnet et ceulx qui estoient avecques luy luy firent response que justice estoit ouverte pour eulx et pour luy, et luy offrirent à boyre et à manger oudit chemin où ilz estoient assis pour repaistre. Mais ledit Challet leur fist response qu’il ne demandoit justice que celle qu’il et ceulx qui estoient avecques luy en feroient, et ne cessa de les menacer à batre, et de fait, sans ce qu’ilz luy meffeissent en riens, icelluy Challet et ses complices se prindrent à batre et mutiler ledit Forgnet et les autres dessus nommez, tellement qu’ilz en gectèrent deux ou troys par terre, et y fut ledit Forgnet gecté par deux foiz et après se print à fouyr, et en fuyant ledit Challet dist telles parolles : « Demeure, demeure, ribault, tu es mort. » Et ainsi qu’il fuyoit, voyant par ledit Forgnet qu’il estoit suyvy de si près et qu’il estoit en dangier de sa personne, il se retourna vers ledit Challet qui le chassoit, et en se défendant frapa deux ou troys cops d’un penart qu’il avoit icelluy Challet. A l’occasion desquelz ledit Challet, deux ou troys heures après, ala de vie à trespas. A l’occasion duquel cas ledit Forgnet s’est absenté, requerant, etc. Pour quoy nous, etc., audit Jehan Forgnet, suppliant, avons quicté, etc. Si donnons en mandement [p. 162] au bailly de Touraine, etc. Donné à Paris, ou moys de juing, l’an de grace mill cccc. soixante dix sept, et de nostre règne le xvime.

Ainsi signé : Par le Conseil. De Wignacourt.


1 Sic. On ne trouve point de paroisse de ce nom ; peut-être s’agit-il de Saint-Christophe-du-Bois, quoique cette localité soit sur la Moine et non sur la Sèvre.