[p. 495]

MDCCVIII

Lettres de grâce accordées à Michau Gallant et Jacques Marchant, demeurant à Parthenay, détenus prisonniers et condamnés à l’amende et à l’échelle pour faux témoignage.

  • B AN JJ. 209, n° 208, fol. 114 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 495-497
D'après a.

Loys, etc. A tous ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. Receue avons l’umble supplicacion de Michau Gallant et Jaques Marchant, povres gens de labeur, demourans à Partenay, contenant que ledit Michau Gallant fist naguères convenir et adjourner par devant le chastellain de Partenay ung nommé Simon Bonraut1, pour avoir paiement de huit sextiers de seigle, en quoy ledit Bonnaut (sic) lui estoit tenue pour le mariage de sa fille, qu’il avoit marié avec le filz dudit Michau Gallant, et en la matière fut tellement procedé que ledit Bonnaut fut condampné lui paier lesdiz huit sextiers de seigle à la valleur du temps qu’elle estoit deue (sic), sauf que si ledit Gallant monstroit par tesmoings qu’il eust requise ladicte seigle au temps qu’elle estoit deue et que d’icelle paier ledit Bonnaut eust esté reffusant, qu’il la paieroit au pris qu’elle vault à present. Et pour ce, afin d’avoir ladicte seigle audit pris qu’elle vault à present, ledit Michau Gallant, qui est povre et indigent, pour nourrir et alimanter son mesnaige, dont il est grandement chargé, il se tira par de vers ledit Jaques Marchant, qui est son prochain voisin et lui remonstra son cas, et lui pria et requist qu’il dist et deposast qu’il avoit esté present à veoir faire la requeste et sommacion par ledit Gallant audit Bonnaut de lui paier ladite seigle ondit temps qu’elle lui estoit deue ; ce que ledit Jacques Marchant lui accorda, moiennant ce que ledit Michau Gallant lui promist prester certaine quantité dudit [p. 496] blé pour lui aider à vivre lui et son mesnaige. Et se trouva ledit Jacques Marchant le mercredi ensuivant en jugement ondit lieu de Partenay, et fut produit par ledit Gallant à porter tesmoignage de verite à l’encontre dudit Bonnault, en la matière dessusdicte, et fist le serement en tel cas acoustumé. Et fut commis certain commissaire pour l’examiner et pour ce qu’il fut trouvé variant en sa depposicion, ledit commissaire se transporta par de vers ledit chastellain de Partenay, qui l’avoit commis à faire ledit examen, et lui rapporta ladicte variacion, après lequel rapport fait, ledit chastellain fist arrester et mettre ledit Jaques Marchant en prison ; lequel confessa que, au pourchaz dudit Michau Gallant, il avoit depensé de ladicte sommacion contre verité, par necessité et pouvreté, et pour avoir dudit blé pour la nourriture de luy et de sondit mesnaige. Et après ce, fut prins ledit Gallant, qui pareillement a confessé avoir suborné ledit Jacques Marchant, pour avoir ledit blé, pour la grant povreté et neccessité qu’il avoit de blé. Pour lequel cas lesdiz supplians sont prisonniers audit lieu de Partenay et ont esté condampnez, c’est assavoir ledit Michau Gallant en la somme de dix livres tournois et ledit Jacques Marchant en cent solz tournois, et en oultre à requerir pardon à justice et a estre eschallez et mictrez. Et doubtent lesdiz supplians que l’en voulsist contre eulx ladicte condampnacion, se nostre grace ne leur estoit sur ce impartie, si comme ilz dient, humblement requerant icelle. Pour ce est-il que Nous, etc., mesmement la povreté, etc., voulans misericorde, etc., ausdiz supplians avons quicté et pardonné le fait et cas dessus dit, avecques toute peine, etc. En mettant au neant, etc. Et les avons restituez, etc., satisfacion, etc. Et imposons, etc. Si donnons en mandement au seneschal de Poictou et à tous, etc. En tesmoing, etc. Donné à Thouars, le xie jour de fevrier l’an de grace mil iiiiciiiixx i, et de notre règne le xxie.

[p. 497] Ainsi signé : Par le roy, l’evesque d’Alby, le conte de Castres, le juge du Maine2 et autres presens Amys.


1 Sic, plus loin Bonnaut. [L.C.]

2 Sur l’évêque d’Albi et sur Boffile de Juge, comte de Castres, voir plus haut. Le titre de Juge et Maire appartient normalement, de 1467 à 1524, à Pierre de Courthardi. Dupont-Ferrier, Les Officiers royaux des bailliages et sénéchaussées, Paris, 1902, p. 216. [L.C.]