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MDCLII

Rémission en faveur de Mathurin Bernard, jeune laboureur de dix-sept ans, qui, en revenant de porter du bois à Bressuire, avait été cause de la mort accidentelle d’un enfant de quatre ans, écrasé, dans une rue de la ville, par la roue d’une des charrettes qu’il conduisait.

  • B AN JJ. 207, n° 75, fol. 36
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 331-332
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion de Mathurin Bernard, filz de Marquis Bernard, povre simple homme de labour, aagé de xvii. ans ou environ, contenant que, le samedi xxiie jour du moys d’avril derrenier passé, ledit suppliant, qui est laboureur à beufz et coustumier de conduire et mener les beufs et charète de sondit père, ala en la ville de Bressuire avec sondit père et autres charretiers qui ledit jour y charroyerent et menèrent plusieurs charrètes de boys, lesquels charrètes ilz descendirent et deschargèrent en la maison de Jehan Beauchaire, marchant de ladite ville, en laquelle maison ledit suppliant laissa sondit père ; et en s’en retournant d’icelle maison, trouva, en la rue estant près et devant les halles dudit lieu de Bressuyre, la charète de Jacques Greslier, mary de la sœur dudit suppliant, vuyde et deschargée dudit boys, laquelle charrete ledit suppliant, sans le commandement dudit Greslier ne de sondit père et en leurs absences, pour faire plaisir audit Greslier, il fist charroyer et tirer avecques lesdiz beufz, pour la conduire [p. 332] et mener hors de ladicte ville de Bressuire et la lui mener en sa maison. Et en conduisant icelle charrete avec lesdiz beufz, quant iceulx beufz furent en ung carrefour de la rue appellée la rue de la Pasrie en ladicte ville de Bressuire, de peur qu’ilz eurent d’aucuns passans par ladicte rue ou autrement, se destournèrent de la rue et chemin par ou ledit suppliant les convoioit oultre son gré et voulenté, et par cas fortuit la rue de ladicte charrète rencontra et print au coing de ladicte rue, encontre la muraille d’un jardin ou maison, entre elle et ledit mur ung jeune enfant de l’aage de quatre ans ou environ, filz de Benoist Audet, demourant audit lieu de Bressuire, sans ce que ledit suppliant l’eust veu ne apperceu auparavant en ladicte rue ; à cause de laquelle prinse ledit enfant fut tellement froissé et murdry que peu de temps après il alla de vie à trespas. A l’occasion duquel cas, ledit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté, etc. Pour quoy, etc. Au seneschal de Poictou ou à son lieutenant et à tous, etc. Donné à Estampes, ou moys de may, l’an de grace mil cccc. quatre vings, et de nostre règne le xixe.